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  • Photo du rédacteurGetBack Sports

De l’obligation du port du casque

Le Sénat veut relancer le principe d’obligation du port du casque, en appuyant notamment la proposition de loi sur les décès des cyclistes qui auraient pu être évités par le port du casque.

Avant de revenir à la France, petite anecdote à propos des Etats-Unis : dans certains Etats, les motards doivent impérativement porter des lunettes de soleil, mais le casque n’est pas obligatoire. Pourquoi ? La réponse en fin d’article…

Les questions auxquelles nous allons tenter de répondre de manière construite et factuelle dans cet article :

  • Ne vaudrait-il pas mieux être convaincu de porter le casque parce qu’il protège, plutôt que d’être obligé de le faire sans y croire ?

  • Est-ce que les produits sur le marché répondent aux contraintes de sécurité et aux attentes de tous les cyclistes ?

  • Est-ce que le boom du vélo remet en selle des cyclistes moins expérimentés, peu adroits et d’une manière générale, est-ce que les chutes ne seraient pas dû souvent à un manque d’expérience entre tous les usagers de la route et une mauvaise adaptation du réseau urbain ?

> La norme européenne EN1078+A1 de 2013


Tout casque commercialisé en Union Européenne pour les cyclistes, les utilisateurs de planches et de patins à roulettes doit satisfaire aux exigences de la norme . Sans rentrer dans les détails, elle traite du serrage et de l’absorption des chocs pour la partie performance du dispositif de protection. Les laboratoires agréés déroulent le protocole du test, qui consiste à faire tomber à une hauteur définie et fixe un pilon d’une masse définie et fixe sur le sommet du casque. C’est une quantité d’énergie qui est transmise au casque et à la tête du mannequin. La tête est équipée d’un capteur de force qui mesure donc une force (et pas une énergie). En fonction du niveau de la force, le casque obtient ou pas la norme. La norme explique en grande partie le design des casques, dont la technologie reste peu ou prou la même depuis les années 90.

Est-ce que le mouvement de la chute du pilon représente la réalité de la majeure partie des accidents ? Non.

Est-ce que le niveau d’énergie est représentatif de la majeure partie des accidents ? C’est a priori l’objectif de la norme, fournir un référentiel commun, identique et reproductible, de ce qui se passe dans la réalité pour valider un dispositif.

> Le casque est une protection qui fonctionne…


Dans les débats, l’idée que le casque, au mieux protège, au pire n’a peu ou pas joué son rôle, est largement entendue. Les études médicales vont en ce sens, la répartition des pressions sur la boîte crânienne en cas de chute est plus homogène et globalement diminuée.

Là où le débat intervient, c’est que certes il protège, mais que certains ne le considèrent pas adapté à leur pratique, ou pas la réponse majeure au problème de l’accident.

Le problème du comportement des usagers de la voie publique et de la manière dont cette dernière favorise la pratique est nécessairement au cœur du débat, mais le casque reste un élément de solution d’un problème plus grand : la sécurité.


> …mais qui peine à séduire et à être porté !


Prenons l’exemple du casque pour le ski et le snowboard : 10% des pratiquants en avaient un en 1996 contre 90% en 2015. Pourquoi un tel succès aux sports d’hiver ? Sans doute parce que par rapport aux traditionnels bonnets, bandeaux ou cagoules :

  • le casque n’est pas plus moche

  • le casque protège tout autant du froid

  • on arrive à s’entendre parler

  • le masque est mieux fixé, ne glisse pas, il ne tombe pas quand on est sur le télésiège, pas besoin de le chercher après une bonne gamelle

  • et en plus il peut protéger en cas de chute !

Petit bémol, si vous faites un pointage depuis un télésiège, vous compterez 75% des pratiquants qui le portent, autrement dit 15% le laissent le matin au chalet.

Pour autant, le succès du casque de ski n’a pas entraîné – contrairement à ce que le sénateur François Bonneau affirme – une augmentation de la prise de risques : sur les 20 ans concernés, les blessures sur le reste du corps n’ont pas changé, ni en fréquence ni en gravité, alors qu’elles ont diminué à la tête, preuve de l’efficacité du casque parmi les autres mesures de protection (balisage et entretien des pistes pour ne citer qu’elles).

Alors, pourquoi le casque de vélo est-il autant boudé ?


> Le casque que toutes nos têtes adopteraient


Les deux reproches principaux qui sont faits aux casques de vélo :

  • « C’est moche »

Vous conviendrez qu’avoir un œil au beurre noir, des cicatrices au visage ou une chirurgie esthétique réparatrice qui feraient passer Harry Potter et Voldemort pour des mannequins, parce que notre visage et notre tête ont heurté le sol, un poteau ou un véhicule de plein fouet sans casque, c’est quand-même plus moche que de porter un casque.

Et le regard des autres… Le vélo c’est l’avenir, soyez fiers de choisir une mobilité qui revient à la mode.

  • « C’est pas pratique »

Les scooters et les motos embarquent des rangements pour ne pas vous trimballer votre casque toute la journée. Vous pouvez faire de même et attacher votre casque à l’antivol (par le passage de l’oreille pour éviter de se le faire voler trop simplement) ou le glisser dans votre sac à dos.

Certes, cela fait 30 ans que nous habillons nos têtes de polystyrène dans une coque en plastique thermodurcissable, l’innovation de rupture arrivera peut-être avec des nouveaux matériaux pour une solution passive (nous ne rentrons pas dans le débat de l’airbag, solution active).


> Savoir rouler à vélo et savoir tomber à vélo


La meilleure manière d’éviter les conséquences d’un accident, c’est d’éviter l’accident. Pour le premier type d’accident, entre un cycliste et un autre type d’usagers, quelques rappels élémentaires :

  • La route se partage.

  • Le vélo n’est pas un moyen d’aller plus vite d’un point A à un point B, roulez à la vitesse adaptée, respectez le code de la route et les piétons.

  • Signalez-vous, il y a de supers lumières, et même des clignotants si vous n’êtes pas à l’aise pour lâcher le guidon d’une main (voir ci-après le SRAV).

  • Gardez bien en tête que vous perdrez moins de temps sans incident qu’ à cause d’une chute ou d’un accident, entre l’évaluation des blessures et éventuellement le constat amiable et l’intervention des secours…

Pour les accidents solitaires, rapprochez-vous d’un club ou d’une association qui vous aidera à adopter les bons gestes techniques, à régler et entretenir au quotidien votre vélo correctement.

Le département Sécurité Routière du Ministère de l’Intérieur a lancé le dispositif « Savoir rouler à vélo » avec notamment la Fédération Française de Cyclisme (FFC), la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB), la FFVélo, la Fédération Française de Triathlon (FFTri), l’Ufolep et l’Union Sport & Cycle (USC). 3 objectifs : savoir pédaler, savoir circuler et savoir rouler en autonomie sur la voie publique. Un rappel des bases est toujours le bienvenu, et c’est une initiative louable dont nous suivrons les résultats.


> Et Dame Nature dans tout ça ?

Le rôle du squelette est double. Le squelette appendiculaire (à gauche sur l’image ci-dessus) assure la mobilité du corps humain. Le squelette axial va quant à lui protéger les fonctions vitales, notamment le crâne qui protège tout ce qui s’y trouve à l’intérieur. Le crâne a si bien joué son rôle que nos ancêtres ont pu inventer la roue. Mais maintenant que notre corps humain se déplace bien plus vite que prévu, n’est-il pas temps de le protéger correctement, à la hauteur des avancées qui nous ont conduit jusqu'ici ?




Ah j’oubliais, concernant les Etats-Unis, c’est « freedom first », libre à vous de vous blesser lourdement à la tête et de payer chèrement la facture à l’hôpital en ne portant pas de casque, cependant, pas question d’aller s’encastrer dans la voiture d’autrui après avoir été aveuglé par une projection, un insecte ou autre dans l’œil ! Why not…


 

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