Avec le nouveau style de vie résultant de la crise sanitaire, les vélos, trottinettes et autres mobilités urbaines incarnent les modes de déplacement privilégiés des français. Cette tendance favorable permet d’entretenir une activité physique régulière, mais aussi d’éviter les transports en commun. Cependant, ce regain de popularité des mobilités urbaines s'accompagne d’une hausse du taux d’accidents et de chutes sur la route. Plusieurs raisons à cela : une politique urbaine inadaptée, un manque de visibilité sur les routes, le non-respect des priorités…
La question se pose donc : est-il possible de partager la route entre cyclistes et automobilistes ?
> Partager la route entre cyclistes et automobilistes : la place des mobilités urbaines
Entre 2018 et 2019, 38% des urbains actifs déclaraient se déplacer à vélo, et 20% des urbains actifs se considèrent « vélotafeurs ». Cette communauté de travailleurs effectuant leurs trajets travail-domicile quotidiens à vélo représente presque 10% de la population française, et ne cesse de se développer.
Cependant, cette démocratisation des mobilités urbaines s’accompagne d’une hausse d’accidents de la route, qui peuvent être fatals pour ces usagers vulnérables face aux véhicules. En effet, 65% des urbains actifs se sentent en insécurité dans le partage de la route, et comment leur en vouloir ? En 2020, selon les chiffres officiels de la sécurité routière, 391 piétons, 479 motocyclistes et 178 cyclistes ont perdu la vie sur les routes de France. Ce triste constat peut nous amener à douter de la possibilité d’un jour parvenir à partager la route entre cyclistes et automobilistes, et cela sans danger.
> Des projets qui donnent de l’espoir
En juin 2020, un giratoire de Créteil a été transformé dans le but de le rendre plus confortable et sûr pour les cyclistes et les piétons. Une piste cyclable a été réalisée sur la chaussée, séparée de la circulation générale par des îlots constitués de séparateurs modulaires de voie, de balises d’alignement et de marquages de signalisation temporaires. Les cyclistes bénéficient ainsi de la priorité sur les véhicules motorisés dans les 11 branches composant le giratoire.
Le CEREMA (centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), à la demande du conseil départemental, a évalué le projet selon 2 objectifs principaux : mesurer le gain d’attractivité pour les cyclistes ainsi que le gain de sécurité. Les comportements des usagers ont ainsi été observés, et catégorisés en 4 niveaux d'interaction :
- Niveau 0 : pas d’interaction.
Ex : le cycliste continue son avancée sur la piste cyclable, sans modifier sa vitesse ou sa trajectoire.
- Niveau 1 : l'interaction est conforme au fonctionnement souhaité du site.
Ex : le conducteur d’automobile cède le passage à l'usager à vélo ou trottinette.
- Niveau 2 : l’interaction est jugée non souhaitable, elle ne correspond pas aux standards de sécurité ressentie et de confort souhaités.
Ex : les cyclistes utilisent le passage à niveau et entravent la progression des piétons.
- Niveau 2+ : l’interaction est jugée conflictuelle, elle correspond à une situation d’interaction forte entre usagers.
Ex : freinage d’urgence du cycliste et du véhicule suite au refus de priorité
> Des résultats encourageants
Sur les 974 interactions relevées, la grande majorité reflète des comportements souhaités par l’aménagement : 34% correspondent au niveau 0, et 58% au niveau N1. On notera aussi que le sentiment de sécurité dans le giratoire a été multiplié par 7 !
De tels aménagements couplés à des solutions de protections passives pour les usagers les plus vulnérables pourront peut-être, un jour, nous permettre de nous rapprocher de l’impossible en permettant à tous de partager la route sans danger. Mais bien-entendu, cette harmonie n’existera que le jour où chacun acceptera ce partage et fera son possible pour qu’il se passe au mieux.
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